Le mouvement des gilets jaunes a révélé un changement profond dans la société française: la fin de l’illusion élitiste. Qui ne rêvait encore récemment pour ses enfants d’un avenir rose pâle passant par une grande école et une carrière dans la haute fonction publique ? L’accès en temps réel de l’information sur Internet et la communication facilitée par les réseaux sociaux a révélé l’atroce (pour certains) mais stimulante (pour la plupart) vérité: les meilleures idées ne viennent plus d’en haut, les éminences grises ont perdu la main (eh non, Jacques Attali ne prévoit pas tout !) et leurs brillants élèves ne sont plus écoutés par personne. La verticalité de la république militaire mise en place par le général de Gaulle ne répond plus à la modernité qui a substitué le réseau de l’intelligence au génie individuel pour mieux répondre à un contexte en changement permanent. L’éducation consistait à mettre dans la tête des jeunes gens la valeur de l’effort pour les hypnotiser et leur faire oublier l’analyse nécessaire des décisions venues d’en haut. Comme l’a fait observer Emile Coué, notre précurseur de la psychologie cognitive, « ce n’est pas la volonté qui est la faculté première de l’homme, mais l’imagination »: il n’est donc contraire au bon sens de laisser à quelques-uns le privilège d’exprimer leurs idées. Le réseau interconnecté de près de soixante-dix millions de Français sera beaucoup plus productif, au sein d’une république horizontale.

(AG)

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